jeudi 6 mai 2010

Des larmes de glace

Cela fait longtemps que je n'ai rien écrit sur ce blog, beaucoup d'agitation et pas assez de temps, j'en suis navré et je m'en excuse auprès des fidèles qui viennent le visiter.

Me croirez-vous cependant, si je vous dis que je suis plus navré encore d'y revenir aujourd'hui...

Christine Lebas est morte, je viens de l'apprendre ce matin.

Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, Christine était journaliste à la Montagne d'Aurillac, et une des premières et des plus ferventes lectrices et défenseuses du Galoup. Je ne dirai pas ici tout tout ce que mes livres et mes histoires lui doivent, mais que tous sachent que la dette que le Galoup et moi avons envers elle est immense.

Ce n'est pas pour cela que j'ai l'âme en pleurs aujourd'hui, mais parce qu'avec Christine c'est une personne hors du commun qui disparait, une vision de ce monde qui n'appartenait qu'à elle, teintée de poésie, de fantaisie et de révolte.

Discuter avec Christine, à la terrasse d'un café, alors qu'elle se callait aux coins des lèvres une de ces brunes au nom bien de chez nous, c'était partager, dans ses ronds de fumée, sa manière de voir notre époque et ses dérives, avec ce regard révolté, cette part d'enfance qu'on lui devinait dans le coeur, devant les injustices du monde, ce même éclat qui brillait dans son oeil quand elle parlait du Galoup, avec plus de fougue encore que moi.

Avec elle, c'est un peu d'innocence qui disparait, et ce franc parler qui giflait et cinglait les lâchetés et les compromissions, les bassesses de notre temps et ses errances. Loin de la langue de bois et du politiquement correct dont on nous submerge, de la guimauve sans saveur et sans courage dans laquelle on veut nous noyer, Chistine, c'était une sorte de Cyrano au féminin, le nez en moins.

Christine, vos passions, comme vos colères devant l'injustice, étaient immenses, et elles nous manqueront dans cette époque souvent trop étriquée.

Cette nuit, vers une heure, alors que je travaillais à mon dernier roman, quelque chose a attiré mon regard vers la baie vitrée de mon appartement, j'ai levé le nez de mon écran pour découvrir les flocons qui dansaient, silencieux et pâles, incongrus, devant les arbres en fleurs, habillant l'herbe nouvelle d'un linceul blanc...

Comme tout le monde, je suis resté abasourdi devant cette vision... De la neige, comme au plus fort de l'hiver, en plein moi de mai...

Maintenant je sais... Ce linceul, c'était pour vous, et ces flocons, c'était le ciel qui versait des larmes de glace.

Christine vous nous manquez déjà.

2 commentaires:

  1. Une personne hors du commun, tout à fait, et d'une grande générosité aussi. Elle avait le talent d'aimer l'Art, et d'en parler avec talent. C'est étrange, nous avons eu la même idée de parler de la neige au Printemps dans nos hommages respectifs. Cela lui va bien de partir avec un coup de Trafalgar de la météo, cela n'aurait pas été pour lui déplaire de ne pas faire comme tout le monde. Adieu Christine, je suis triste.

    RépondreSupprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer