mardi 3 novembre 2009

Un devoir de mémoire


Voici un personnage qui n'apparait que dans un seul chapitre de Frankia, mais qui, je l'espère laisse derrière lui une empreinte vivace, et un serrement au coeur.

Le capitaine Pierre de Saint-Simon incarne l'archétype de la France déchirée, humiliée, de la débacle. Un soldat qui panse encore ses blessures, celles de l'âme autant que de la chair.
Il représente aussi la France résistante, pas celle des hauts faits d'arme, mais celle de tous les jours, dans le fait de refuser les ordres de ses supérieurs, qui lui demandent d'arrêter ceux qui fuient la zone occupée, en particulier les elfes...
De garde frontière, (un poste où on l'a cantonné avec d'autre tromatisés de la défaite), il s'est fait passeur et continue le combat, à sa manière...
Je suis particulièrement attaché à ce personnage, et à celui qui me l'a inspiré, un homme ordinaire, qui a vécu des temps extraordinaires.
Un homme qui a su me faire partager ses souvenirs, avec recul et humour, à sa manière si particulière, avec, dans les yeux, cette lueur étrange qui n'appartient qu'à ceux qui ont vu en face, sans fard, le vrai visage de la guerre.
Cette guerre qu'il m'a contée, ce n'est pas celle des généraux et des stratèges, mais celle du troufion, des petites gens qui n'ont pas demandé à trucider les gars d'en face, mais se sont retrouvés, bon gré, mal gré, dans cette vaste pignolade meurtrière, quand ils auraient préféré rester chez eux.
Sa guerre c'était celle de monsieur tout le monde, qui parfois devient un héros, ou se fait tuer par une balle perdue, anonyme, au détour d'une route.
Frankia n'est pas un livre de guerre, mais un livre d'humains, de personnes prises dans une tourmente trop grande pour eux, qui les entraine et les pousse, les broie ou les révèle...
Pierre, certains de vos souvenirs sont dans ces pages. Je les ai maquillés du filtre du fantastique, mais j'espère ne pas les avoir trahis.

1 commentaire: