lundi 8 octobre 2012

Gerbert et Chtulhu !


Je ne sais pas si je vivrai assez longtemps pour vous confier la terrible vérité que je viens de découvrir, une vérité que certains veulent cacher car elle pourrait bien menacer l'existence même de l'homme à la surface de cette planète...

 Vous souvenez-vous de cet étrange édifice que je vous montrais voici quelques temps ? 

 
 

Oui, il s'agit officiellement du clocher de l'église Saint Géraud à Aurillac qu'une respectable entreprise est en train de restaurer... Du moins est-ce ce qu'on voudrait nous faire croire.

La forme de cet intrigant échafaudage m'avait pourtant mis la puce à l'oreille et j'avais donc décidé de mener l'enquête et de "lever le voile" sur ces surprenants travaux...

Aujourd’hui, je sais, et mon esprit vacille au bord de l'abîme grimaçant de la folie... Des ombres étranges me guettent que ne génèrent aucune lumière et je me méfie jusqu'aux angles des murs de mon bureau où je me suis claquemuré pour écrire ce texte.

Il faut que je partage ce savoir avec vous avant qu'ils ne me retrouvent, car je les sais qui dévorent déjà leur chemin vers moi à travers le temps pour me faire disparaitre et sceller avec moi ce terrible secret.

Il faut que je vous raconte.

Comme certains d'entre vous doivent déjà le savoir, vers l’an 945 naissait, à Belliac, près d’Aurillac un jeune pâtre qui, remarqué par les moines pour son esprit vif, fut recueilli par ces derniers au monastère bénédictin fondé par Saint-Géraud.

En 963, le Comte Borrell II de Barcelone, en route pour Rodez, fit halte à Aurillac, le remarqua, et l’emmena avec lui pour poursuivre son instruction dans les abbayes catalanes parmi les plus brillantes de l’époque du fait de leur contact avec le califat omeyyade de Cordou.

On connait la suite : Gerbert devint un lettré, qui introduisit les mathématiques en France, et devint Pape en 999 sous le nom de Sylvestre II et ce jusqu’en 1003… Le Pape de l’an mil… Cette période terrible de présages et de phénomènes inexpliqués…

Car ce que les biographes officiels ne savent pas, c’est que Gerbert, dans une des bibliothèques d’un monastère catalans, trouva un livre volé dans la bibliothèque du calife Al-Hakam II alors une des plus riches de cette époque… Un livre écrit en arabe, et rédigé par un sage devenu fou : Abdul al-Hazred… Le Nécronomicon.

Or, parcourant les pages de cet effroyable ouvrage, cette porte ouverte sur un savoir ancien et interdit, Gerbert y perdit à la fois sa raison et son âme et tomba sous la coupe de puissances immémoriales pour qui :

« N’est pas mort qui a jamais dort et en d’autres éternités peut mourir même la mort. »

Les Grands Anciens… Et parmi eux… Le Grand Cthulhu pour qui montent de quelques coins reculés du monde, où ses disciples célèbrent encore son culte impi et sanglant, les syllabes immondes de ce chant maudit :

« Ph'nglui mglw'nafh cthulhu r'lyeh wgah'nagl fhtagn »

Que l’on peut traduire par ces mots sinistres :

« Dans sa demeure de R’lyeh la morte, Cthulhu attend et rêve. »

Il attend que les astres soient alignés, que ses disciples infernaux célèbrent son retour par les rituels appropriés, pour que sa cité engloutie au milieu du Pacifique remonte à la surface, que les portes de son tombeau s’ouvrent et les hommes et leur monde sombreront dans les ténèbres et la démence.

En l’an mil, Gerbert, œuvrant dans l’ombre pour son maître faillit réussir, pour preuve, les terribles équations mathématiques qu’il mit au point et les phénomènes extraordinaires et les visions terribles, les évènements funestes et les monstres qui émaillèrent cette période troublée…

Mais Gerbert échoua, la conjonction était passée, les astres n’étaient plus alignés, son maître devrait attendre mille ans encore avant que les conditions pour son retour soient réunies.

Gerbert fit donc croire à sa mort en 1003...

Mais ce qu’ignoraient ces contemporains, c’est que son maître, par quelque terrible pacte, lui avait donné le don de longue vie. Gerbert ne mourut pas, mais plongea dans une profonde catalepsie. Ses disciples récupérèrent son corps et vinrent, en grand secret, l’enterrer sous son église de Saint-Géraud dans une crypte secrète…

Et aujourd’hui, oui, aujourd’hui, les étoiles sont de nouveaux alignées, et Gerbert, depuis quelques années réveillé de son sommeil millénaire, et gorgé du sang d’innocentes victimes grâce auxquelles il peut conserver sa vigueur surnaturelle, œuvre en secret au retour de son maître.

 

Ainsi, la réfection du clocher de Saint-Géraud cache en fait la mise au point d’un missile transcontinental invisible que Gerbert projette de lancer d’ici quelques mois. Ce missile, se séparant en trois, frappera simultanément les Etats-Unis et la Russie, déclenchant une riposte immédiate et une guerre nucléaire qui dévastera la terre et plongera le monde dans une nuit sans fin…

Mais pire encore, le troisième segment du missile plongera vers l’Océan Pacifique, s’enfoncera sous les flots, toujours plus profond, jusqu’à frapper la dorsale abyssale et générer une secousse qui soulèvera hors des abîmes la monstrueuse cité de R’lyeh et libérer sur ce monde blessé celui qui, depuis si longtemps, attend de remettre ce monde sous son joug de terreur et de démence…

Maintenant, vous aussi partagez ce terrible secret…

Ce soir je vais essayer de mettre un terme à cette démence en m’enfonçant dans les profondeurs insoupçonnées de Saint-Géraud pour aller y combattre Gerbert le maudit et l’empêcher de mettre à exécution son projet d’apocalypse…

Si j'échoue et que je disparais, il vous reviendra de prendre le flambeau.

Car déjà je sens autour de moi l’ombre se mettre à frémir… Les angles de la pièce se mettre à bouillonner, une fumée parait en sortir…

Ils m’ont retrouvé, ils sont là… Gerbert les a invoqués depuis les limbes mathématiques et démentielles où ils rôdent, affamés, efflanqués et sans repos… Ils ont suivi ma trace à travers les angles du temps, et maintenant ils m’ont retrouvé… Les chiens de Tindalos !

Oh Seigneur, il faut que je trace le signe, il faut…

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